De l'Aube au crépuscule
Ce n’est pas toujours évident d’expliquer un processus artistique, et c’est parfois tout aussi délicat de le comprendre. S’il apparaît comme une évidence aux yeux de l’artiste qui le vit intensément de l’intérieur jour après jour, il est toutefois difficile à retranscrire pour nous, le commun des mortels.
Mais pas avec Franck Noto.
Son honnêteté très frontale caractérise l’homme et l’artiste à la fois. D’ailleurs, les deux se mêlent à chaque occasion que j’ai d’écrire pour une nouvelle exposition, car pour moi il est impossible de les dissocier. J’observe Franck Noto, j’apprends à le connaître à travers chaque nouvelle étape et je me laisse porter par le flot incessant des énergies qui gravitent autour de lui. Lorsque je l’ai connu il était déjà l’artiste que vous connaissez, il était celui qui a fait de nombreux projets à travers le monde et je ne sais combien d’expositions dans toutes sortes de lieux. J’avais du retard à rattraper. Au fil des années j’ai découvert et finalement compris son cheminement. J’ai entendu les termes « fréquences », « strates », « trait », « all over », « bleu outremer », « geste »… puis petit à petit c’est son histoire qui s’est dévoilée à moi, et la boucle était bouclée.
La boucle. Elle est indissociable de Franck Noto. Elle dévoile autant qu’elle dissimule. Elle est la matérialisation d’un geste ample et gracieux. Elle donne corps à l’énergie qui se manifeste à un instant T. Elle dit une émotion dans une forme abstraite.
La boucle est un trait. Un trait du lâcher-prise de l’enfant qui se moque de tout. Un trait qui symbolise le ressenti. Un trait qui semble avoir une trajectoire mais qui n’a pas de limite car il n’est jamais immobile.
Et ce trait est parfois horizontal. Car Franck Noto est avant tout guidé par le geste.
Cette ligne qui remplit la toile de lin inlassablement de gauche à droite jusqu’à combler chaque centimètre de surface libre, s’apparente à la frénésie d’un ballet qui emporte avec lui un élément de plus à chacun de ses déplacements.
Lorsque nous avons échangé au sujet du titre de l’exposition, j’imaginais la course du soleil et, naturellement, j’esquisse un geste : une courbe qui naît à l’aube, monte vers le zénith puis redescend vers le crépuscule. Avant de recommencer. Ce cheminement semblait soudain évident, et Franck Noto me dit « c’est vrai, j’ai ce besoin de clôturer une étape avant d’en démarrer une nouvelle ». Il a ce besoin viscéral d’aller au bout des choses, de tout tenter pour ne rien regretter. Un peu comme dans la vie.
Il y a tant de choses à dire sur son procédé et sur chaque élément qui le compose que ma peur de la redite s’est rapidement envolée. Le mieux c’est encore qu’il vous en parle de vive voix, car ce qui fait son oeuvre c’est son âme qu’il laisse s’exprimer.
Laura Mari